Pour une agriculture bio, paysanne et de proximité
Le 08/07/2021
Pourquoi ? Nos réponses en quatre définitions.
Pour beaucoup de défenseurs de la bio, dont Biocoop, le concept d’agriculture biologique paysanne de proximité va de soi. À y regarder de plus près, ce modèle à la fois responsable et durable est aussi un projet de société dont tous les acteurs de la bio ne peuvent se revendiquer.
Pourquoi ? Nos réponses en quatre définitions.
Par Arnaud Pagès
Agriculture
Au fil des ans, l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques de synthèse n’ont fait que distendre toujours plus le lien qui unissait l’agriculteur à sa terre, et détricoter l’inscription dans le temps des exploitations au profit d’une rentabilité immédiate combinée à une pression financière. Dans le même mouvement, ces intrants chimiques, gage d’un meilleur rendement agricole, polluaient les sols et produisaient des aliments de moins bonne qualité tandis que la mondialisation étirait les distances d’acheminement.
Paysanne
Le monde paysan est centré sur la transmissibilité et sur la durabilité des exploitations. Il s’agit de mettre en place les conditions pour pouvoir léguer aux prochaines générations la terre et les moyens de la cultiver en mettant l’accent sur le rôle social et environnemental de l’agriculture, et en gardant intactes la qualité des produits agricoles ainsi que les ressources d’un terroir. Selon Serge Le Heurte, animateur de la section agricole de Biocoop, la ferme paysanne est « conduite par celui qui cultive la terre et qui n'appartient pas à un investisseur ».
Les magasins proposent les produits des collectifs membres de Biocoop (Paysans associés) et aussi d’agriculteurs qui commercent directement avec un ou plusieurs magasins d’une région, comme ici, Daisy Groff, éleveuse en Haute-Vienne |
Mathieu Lancry, agriculteur et administrateur de Biocoop, précise que « l’agriculture paysanne est une démarche vers un modèle agricole résilient et durable défini par la répartition des droits à produire, l’autonomie des fermes et des paysans, la transmissibilité des exploitations, le travail avec la nature dont les pratiques agricoles sont impactantes, la qualité des produits et l’implication du paysan dans le développement local ».
Biologique
L’agriculture paysanne est compatible avec l’agriculture biologique. Pour Mathieu Lancry, « l’agriculture bio ne peut être que paysanne car si elle ne mêle pas des enjeux d’environnement avec des enjeux sociaux et sociétaux, la dérive vers une agriculture biologique industrielle est inévitable ». Imaginée dans les années 60 par des agriculteurs et des consommateurs, ce mode de culture consiste à conduire les productions agricoles, animales et végétales, en respectant les sols, les saisonnalités, sans pesticides chimiques de synthèse ni OGM.
Pour valider l’ensemble de ces engagements, elle est encadrée par une réglementation stricte. Mais ce n’est pas tout : l’agriculture biologique s’inscrit également dans une approche globale et systémique du vivant. Il s’agit de protéger les écosystèmes, des modes de vie pour un projet de société dont le but est de valoriser, dans tous les sens du terme, le métier d’agriculteur. S’il est possible de « faire de l’agriculture bio n’importe où sur terre, explique Serge Le Heurte, il est possible également de faire du commerce n’importe comment sur la planète ». Pour tenir ses promesses, la bio ne doit pas être synonyme de pollution.
Proximité
Pour favoriser les bénéfices sanitaires, financiers, productifs et sociaux de la bio, le principe de proximité est essentiel. Il s’agit de rapprocher le plus possible les lieux de production des lieux de vente. Attention cependant à ne pas confondre avec la « production locale », qui se situe à quelques dizaines de kilomètres du consommateur. Celle-ci peut avoir ses travers. Mathieu Lancry explique que « l’agriculture locale peut utiliser des pesticides, arracher des haies, avoir des parcelles de très grandes tailles, embaucher des travailleurs détachés, produire des tomates sous serres chauffées... »
Mariée avec la bio, la proximité telle que Biocoop l’entend tient compte de la spécialisation de chaque région agricole : un riz cultivé en Camargue est de proximité (même si l’on vit à Lille !) par rapport à un riz venant de l’autre bout du monde. Selon Serge Le Heurte, il s’agit de « faire des choix dans les produits en favorisant le plus proche sans opter pour le moins cher ».
La proximité, c’est aussi rapprocher les producteurs du grand public… Ici, Daisy Groff, dans sa ferme D’la part de Marguerite, explique son métier aux visiteurs. |
PROXIMITÉ PRATIQUE Adieu veaux, vaches… et agriculteurs Porte de Versailles à Paris en février 2021. Pas de Salon de l’agriculture pour cause de Covid-19. En février, c’est dans les magasins Biocoop proches de leur ferme qu’environ 300 Paysans associés, dont le groupement fait partie de Biocoop, ont fait salon pour échanger sur leur métier, leurs valeurs. Leurs collectifs prennent part aux décisions de la coopérative au même titre que les magasins, les associations de consommateurs et les sociétaires salariés. Ils peuvent débattre, anticiper des besoins, des volumes, établir des prix équitables pour tous, s’écouter, se rapprocher des consommateurs et de leurs attentes… |
Retrouvez cet article dans le n° 115 de CULTURESBIO, le magazine de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles, ou à télécharger sur le site de Biocoop.